Le Grenier du Mac

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Le Commissaire c'est vous, meurtre à Saint-Jérôme

 

Productions La Forêt, diffusé par Emme

Enquête policière

ppc 350 Mhz ou +
64 Mo de ram (ou +)
Mac OS 8.1 ou +
Résolution 640x480, milliers de couleurs
Lecteur de CD-Rom 16 x
QuickTime 5
CD hybride Mac/P

français

 

2002

environ 594 Mo compacté

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CommissaireCommissaire
Commissaire
 
Commissaire
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Commissaire
Commissaire
 
 

 

Après avoir développé deux épisodes de la série « Le psy, c’est vous  ! » qui rencontra un certain succès, les productions La Forêt, plus connues comme éditeur multimédia, sortent aujourd’hui « Meurtre à Saint-Jérôme » débutant une nouvelle collection intitulée « Le commissaire c’est vous ! ».
La première chose qui frappe le joueur dans ce titre et attire le curieux en recherche de nouveautés, c’est la nature même du produit et son originalité dans un marché actuellement très cadré. En effet, « Meurtre à Saint-Jérôme » est un jeu d’enquête policière comme il y en a peu. Ce style n’a d’ailleurs quasiment jamais été exploité dans le jeu vidéo, les plus anciens ont peut-être joué à « Déjà vu » qui se déroulait dans une atmosphère inspirée des romans noirs américains tels ceux de Chandler ou de Hammett. Il y eut également, bien que mâtiné de phases d’action, le jeu de Jordan Mechner, « The last express » se situant entre « Le crime de l’Orient-Express » d’Agatha Christie et Hitchcock d’« Une femme disparaît ». Ici, c’est plutôt du côté de Simenon qu’il faut chercher la parenté, ou même de certaines séries télévisées françaises, car il s’agit de mener un bonne grosse enquête en respectant les procédures propres à la France, le tout dans une atmosphère un peu glauque où les situations sont très réalistes et détaillées. En outre, comme le jeu utilise exclusivement la vidéo et la photographie autant dire que la réalité apparaît assez crûment et peu enjolivée.

Enfin, sachez que nous nous trouvons là face à un jeu que l’on pourrait qualifier d’intelligent et dans lequel il est impossible d’avancer comme un bourrin, car derrière tout cela, et ce comme dans une véritable enquête, se trouve un juge d’instruction qui ne vous laissera certainement pas ratisser dans tous les sens et n’importe comment et n’octroiera les autorisations de perquisition que si vos arguments sont à la hauteur. Donc, regroupez tout ce que vous avez de finesse, de doigté et de patience avant d’entrer dans l’aventure. Préparez-vous également à un petit apprentissage, car hormis si vous avez des accointances avec la maison Poulaga, vos premières heures de commissaire seront difficiles.

Ces considérations d’ordre général étant faites, de quoi s’agit-il dans ce jeu ? Comme son titre l’indique, ça sent le fait divers sordide, et c’est bien de cela qu’il s’agit. En effet, Olga une jeune infirmière stagiaire a été retrouvée assassinée dans la lingerie du service maternité de l’hôpital Saint-Jérôme après avoir été violée. Parmi tous les supects, certains mentent, d’autres n’ont pas d’alibi, il vous faudra donc débrouiller le vrai du faux, et remonter méthodiquement les pistes jusqu’à arrêter le coupable avant qu’il ne commette à nouveau un ou plusieurs crimes, voire ne s’enfuie.
C’est au petit matin blême que vous démarrez le jeu, dans votre bureau qui sent le tabac froid et où l’inspecteur Malard, votre assistant durant cette enquête, vous a préparé les dossiers nécessaires, notamment l’album du crime et la fiche des personnes qui se trouvaient aux alentours sur les lieux au moment des faits.

Et maintenant que faire ?
La zone dans laquelle le commissaire joue son rôle est presqu’entièrement circonscrite dans l’espace de son bureau. Quasiment tous vos outils s’y trouvent : les armoires dans lesquelles sont stockés les dossiers des suspects et les pièces à conviction ; l’ordinateur grâce auquel effectuer certaines requêtes auprès de l’identité judiciaire ou rapprocher et organiser vos informations ; la vidéo pour visionner le résultat des planques ; le téléphone qui peut sonner lorsqu’un corbeau vous appelle et enfin l’interphone pour joindre la juge, demander un rapport, convoquer une audition, décider une mise sur une écoute...
Ce sont bien toutes ces activités propres à une véritable enquête que le joueur doit mener, on nage en plein contexte réaliste, on peut aussi se noyer dans toutes les données qu’il y a à manipuler. Il s’agit donc de bien gérer et doser ses actions, certaines sont plutôt pro-actives (perquisitions, planques, auditions,...) d’autres plutôt réflexives (lecture des rapports d’audition, des dossiers, album du crime, confrontation des éléments importants). Cette deuxième phase vous prendra d’ailleurs beaucoup de temps, car elle demande de la minutie, mais elle est celle qui fera avancer votre enquête.
En effet, pour pouvoir progresser, il faut que vous vous positionnez par rapport aux éléments que vous jugez intéressants, car il n’y a pas d’automatisation en la matière et les indices ne parlent pas tous seuls : par conséquent, même si vous avez trouvé quantité d’éléments pertinents, ils ne vous serviront pas à grand chose si vous les oubliez au fond du placard. Il y a donc un système pour marquer comme important tout ce que l’on juge tel (une photo, un relevé bancaire, un nom, une phrase lâchée par un témoin...) et appareiller les informations entre elles. Une fois ces éléments sélectionnés, vous les confronterez et les agencer au moyen de l’ordinateur. Si vous réussissez à rassembler des faisceaux d’indices valables, la juge d’instruction pourra alors vous autoriser une perquisition ou une mise sur écoute si qui vous permettra d’avancer un peu plus.
C’est également via votre ordinateur que vous pouvez visualiser les progrès de votre enquête par le biais d’un écran de progression regroupant l’ensemble des vidéos-clefs que vous avez trouvées.
Autant le dire tout de suite, « Meurtre à Saint-Jérôme » est intellectuellement exigeant, sa prise en main demande un petit moment d’adaptation, car elle est peu courante, on a en effet peu l’habitude de gérer de gros dossiers dans les jeux vidéo, mais passé ce cap et une fois les commandes maîtrisées, la mayonnaise prend et le suspense tient vraiment en haleine jusqu’à la fin de l’enquête : les protagonistes prennent de l’épaisseur et se complexifient au fur et à mesure des auditions, certains finissent par nous attendrir, d’autres nous agacent ou sont de vraies têtes à claques, des soupçons se forment, des présomptions se construisent et on se prend au jeu !

Autres lieux, autres mœurs
À quelques occasions, vous pourrez vous dégourdir virtuellement les jambes en quittant votre bureau, c’est-à-dire durant les perquisitions et les auditions. En tant que joueur vous devrez à ces moments-là quitter votre veston de commissaire et mettre les mains dans le cambouis en dirigeant de près l’inspecteur Malard.
Les perquisitions se déroulent dans différents appartements selon le mode propre aux jeux d’aventures, vous cliquez un peu partout, sans hésiter à zoomer dans les moindres recoins aux fins de récolter le maximum d’indices.
Mener les auditions est un peu plus déroutant, le moteur utilisé s’apparente à celui du « Psy, c’est vous ! », ceux qui connaissent ce jeu s’y retrouveront donc facilement. En effet, tandis que votre témoin s’exprime et que vous l’écoutez, vous pouvez saisir des mots-clefs au clavier, si ceux-ci sont pertinents ou évoquent quelque chose pour votre témoin, cela relancera la conversation sur un nouveau thème et parfois même, si vous avez visé juste, vous obtiendrez la possibilité de l’interroger plus précisément via un QCM ou vous pourrez visualiser sous forme de vidéo un élément de témoignage ayant un rapport direct avec le crime. Cette partie nécessite une acclimatation car on a l’impression de passer du coq à l’âne ou que les témoins se répètent, cela demande donc une bonne dose d’attention pour obtenir les informations que l’on souhaite. Ensuite, le rapport d’audition se trouve automatiquement consigné dans le dossier de chaque personne, on peut donc s’y référer et retravailler dessus.

Enfin, petite dose de piment, contrairement à beaucoup de jeux d’aventures où les objets attendent ad vitam aeternam que le joueur les découvre selon un cheminement bien précis, ici rien de tel, certains indices peuvent très bien disparaître si l’on n’effectue pas l’opération requise à temps, et cela comme dans une véritable enquête. On n’est pas pour autant bloqué de façon rédhibitoire, mais cela occasionne des ralentissements ou des dérives. « Meurtre à Saint-Jérôme » n’est d’ailleurs pas un jeu linéaire et plusieurs chemins existent qui nous font découvrir des éléments différents et il est facile de se lancer sur une fausse piste, car les distracteurs sont nombreux.
Cependant, et cela donne son réalisme au jeu tout en mettant la pression sur le joueur, il y a des limites à l’errance, d’autres meurtres peuvent se produire si vous n’avancez pas assez vite, le coupable peut également prendre la poudre d’escampette si vous ne l’attrapez pas dans un délai raisonnable, dans ce dernier cas, il ne reste plus qu’à digérer l’humiliation et à tout recommencer. Heureusement qu’ici recommencer ne signifie pas répéter, au contraire, vous verrez qu’en prenant d’autres décisions le jeu réagira différemment.

Interface utilisateur et ergonomie
Le jeu se commande presque entièrement à la souris de façon intuitive. Le développement sous Director rend comme toujours les choses un peu lourdes dans l’ordre de sélection et de désélection des éléments mais cela reste très supportable, et puis il faut faire contre mauvaise fortune, bon cœur car c’est également ce logiciel-auteur qui permet d’avoir un produit hybride PC/Mac sans attendre des mois de portage.
Concernant l’utilisation de l’ensemble vidéo, photo et sons cela a ici un l’avantage stylistique indéniable de donner au produit une teinte de réalisme blafard, en revanche cela pèse et le chargement des centaines de fragments de son ou des extraits vidéo nécessitent de fréquents accès au lecteur de CD-Rom, c’est aussi pour ces raisons de poids que le jeu ne fonctionne qu’en résolution moyenne pour une qualité parfois légèrement altérée, il vaut d’ailleurs mieux jouer sur une configuration légèrement supérieure à celle qui est conseillée pour éviter tout hocquet ou désynchronisation.
En outre, le petit point noir en termes de maniabilité et d’esthétique concerne la modélisation des appartements en 3D, celle-ci n’est pas très jolie et la navigation y est fastidieuse. Pour le reste, le jeu testé sous OS 9.1 est stable et a un système de sauvegarde automatique pour tous les commissaires en herbe qui s’inscrivent. On regrette cependant de ne pas pouvoir installer les éléments principaux directement sur le disque dur, ne serait-ce que pour allouer un peu plus de mémoire à l’application.

Pour conclure
« Meurtre à Saint-Jérôme » est un titre qui s’adresse au grand public, en effet, les produits développés sous Director attirent rarement les « serial gamers », pourtant l’originalité et l’intelligence de ce nouveau concept ainsi que l’excellente tenue du scénario en font un jeu réellement innovant qui mérite que l’on s’y attarde.
Proche des jeux d’aventure graphique, « Meurtre à Saint-Jérôme » laisse le joueur manipuler un très grand nombre d’éléments avec une véritable sensation de liberté ce qui donne l’impression que le jeu avance un peu selon le cheminement de chacun et non en suivant un scénario totalement figé. De plus, le scénario ne s’écrit pas seulement sur une linéarité chronologique, mais par la richesse des caractères mis en scène gagne en profondeur et on a vite fait de s’attarder sur plusieurs éléments secondaires on peut sentir là une voie possible pour un style de jeu actuellement déserté en sachant que le support DVD permettrait à ce type de produit de donner sa pleine mesure. De plus, en ces temps de restriction créative, on ne peut qu’applaudir une initiative vidéo-ludique qui tranche à ce point sur la routine tournant autour du triangle des Bermudes : FPS - STR - JDR. Pour conclure, un concept peu banal, un scénario très touffu et solide et une bonne qualité d’ensemble font de cette enquête n°1 un jeu à redécouvrir impérativement.

 

 

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